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22 novembre 2008

« Coup de foudre au Lieu Unique »

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Ce samedi là une Pioupiette (espèce d’humaine en voie de disparition) et moi-même avions décidé de sauter dès le réveil dans un train pour Nantes. En manque de nourriture intellectuelle, l’idée était d’assister à un forum de philosophie au Lieu Unique. Déjà conquises par le discours de Patrick Bouchain découvert au paravent dans un documentaire sur les friches industrielles, il nous tardait de découvrir de quelle manière il avait métamorphosé cette ancienne usine LU en un espace alternatif d’art. « Ne rate surtout pas les toilettes d’en bas ! » m’avais t’on prévenue… Un bâtiment dont on me parle en premier des toilettes tellement elles sont trashs, cela se présage plutôt bien à mon goût.

A proximité de la gare, bordant le canal St Félix, incrusté dans un contexte urbain très graphique -même le design du parking de la gare est remarquable- la façade du LU est sans manière.

Patrick Bouchain représente l’engagement que je souhaiterais pour tous les architectes aussi bien par son choix des matériau, sa vision philosophique de l’homme, sa conception historique du bâtiment, le recyclage architectural…


R E C Y C L E_ La rénovation a la vie dure de nos jours « Grue hier, bulldozer aujourd’hui » tellement il est plus facile de tout raser et reconstruire du fast-food architectural sur un terrain vierge. Pourtant l’usine est un lieu optimale car il fut conçut par nos prédécesseurs dans le seul but de la rentabilité. Ainsi ces vestiges de l’ère industrielle sont spatialement fonctionnels et bénéficient de la meilleure lumière naturelle.

« Pas pour tout garder sous prétexte que le passé est indispensable,  mais au contraire pour le transformer et faire qu’il devienne contemporain. C’est pourquoi j’ai souvent utilisé des bâtiments ou des œuvres d’art pour «mettre en scène» ma méthode».


« J’avais décidé de ne pas construire et de ne faire qu’un acte d’entretien ou de transformation. »


P.Bouchain

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DONNER DU S E N S_ Je prends pour comparaison les parois mécaniques de l’Institut du monde arabe de l’adulé Jean Nouvel, s’inclinant pour suivre la course du soleil. Cette variation technoïde de la lumière provoque-elle vraiment l’effet escompté sur les utilisateurs du bâtiment ? De la poudre aux yeux… En revanche l’onérosité est incontestable. On est bien loin de la paroi du Lieu Unique constituée d’une mosaïque de différents morceaux de verre de récupération. Ici la lumière prend une toute autre valeur, elle est vibrante par la puissance du passé. Je préfère la simplicité poétique au conceptuel anecdotique. Plusieurs attentions sont dissimulées dans le bâtiment, tout comme de vieux barils de pétrole venant d’Afrique qui font office de canalisation esthétique pour le plafond de la salle de spectacle, censés nous rappeler à l’esprit notre criminalité face au pays asphyxié.

P17_08_07_15 Jean Nounou Chichi

H U M A N I S M E_ lieu que l’on peut s’accaparer ; il n’est pas interdit d’apposer sa griffe sur les murs des toilettes, on y est même incité. Les toilettes ne sont pas le lieu le plus glamour d’un bâtiment, elles ne peuvent prendre que de la valeur si chaque utilisateur se sent l’âme d’un tagueur, les toilettes acquièrent une autre dimension, elles sont dotées d’une histoire, d’un passé. A l’instar de l’archéologie, chaque signature est une strate qui devient témoin du temps qui passe. Les toilettes du Lieu Unique sont si densément recouvertes que l’on sent presque le fourmillement du passage de ces centaines de personne.

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Les enfants peuvent faire du roller librement à l’intérieur sans qu’un vigile vienne les réprimander. Il n’est pas interdit de pique-niquer sur les tables du restaurant du hall principal, bien que la salle soit souvent pleine. Il suffit de si peu pour ne pas avoir l’impression d’être un portefeuille ambulant.

H U M A I N _ Ce lieu redonne vraiment espoir à des élèves en architecture ayant la vive impression qu’on les formate. Un hammam dans un centre d’art contemporain ? Vous êtes hors sujet…. De vieux barils en guise de plafond? Quelle idée saugrenue ! Si bien que l’envie de profiter du bâtiment en lui-même à surpasser la conférence monocorde, l’atterrissage à retardement de la veille n’améliorant rien à la situation.

Venues pour écouter de la philosophie, pour finalement prendre le thé entre un clodo qui se fait des confidences et un homme d’affaire lisant son quotidien amphigourique, et nous essayant de croquer non pas un espace mais la traduction d’une ambiance grâce au trait. Lumière tamisée grâce aux ampoules démultipliées à l’intensité modulable (tout cela me paraît cependant bien énergétivore…). Essayer de transcrire cette énergie chaleureuse intraductible… Un bien-être rarement éprouvé

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« Idéalement, la commande architecturale devrait émaner de l’utilisateur. Mais dans nos sociétés, la séparation et la segmentarisation des fonctions sont telles que celui qui passe la commande n’est absolument pas l’utilisateur. Jamais je ne construirai un lieu pour une personne que je ne connais pas. » P.Bouchain


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