Le laboratoire de ma tour d'ivoire
Le laboratoire de ma tour d’ivoire_du haut du 13ème étage de la Caravelle
Tour d’ivoire : position indépendante de celui qui se tient à l’écart de l’action et de l’agitation du monde
Pourquoi prendre plaisir à ouvrir les portes du balcon afin de mieux entendre la pollution sonore ?
Expérience du quotidien: la place de la Caravelle présente un atout acoustique de part l’enclave formée par les immeubles de grande hauteur offrant une caisse de résonance amplifiant les sons et permettant de discerner chacun d’entre eux; elle est de plus représentative d’un lieu stratégique urbain par sa fonction de plaque tournante entre consommation et expression urbaine et d’artère majeure avec la rue de Brest reliant le centre effervescent (noyau) et le quartier Bourg L’évêque (centrifuge)
But : passer d’une connaissance empirique à théorique de l’environnement sonore de la place
Résultats : chaque son est déterminé spatio-temporellement et leur répétition dans le temps peut être généralisée à un cycle urbain de 24 heures
Principe : élaboration d’un langage sonore dans mon appartement devenu laboratoire, par analogie aux sons de la place perçus de mon balcon que j’intériorise, le tout aboutissant à un inventaire chronologique d’1minute retraçant 24 heures type de la place
Interprétation : la juxtaposition sonore voir le chevauchement subit par chacun provient de la nécessité d’appartenir à une cellule de l’organisme qu’est la ville.
Généralisation: La ville est un organisme autorégulé cyclique qui fonctionne grâce aux interactions en tension des êtres humains
Conclusion personnelle : le plaisir d’entendre ou écouter l’environnement sonore de la place vient de la sensation de pouvoir s’en retirer tout en continuant à faire parti de la machine organique qu’est la ville
« Ce qui fait de la ville un milieu sous tension, ce n’est pas tellement la concentration de l’habitat, l’état de friction latente & continuelle qui électrise les rapports, la multiplicité des possibles ouverts à l’existence individuelle, c’est pour moi bien davantage l’antagonisme qui y règne entre un système de pentes naturellement centrifuges qui toutes mènent le noyau urbain vers son émiettement périphérique, & en regard, la puissante astreinte centrale qui les contrebalance, & qui maintien la cohésion de la cité. »
Julien Gracq & la ville sous tension La forme d’une ville
“Le système Terre (Gaïa) se comporte comme un système unique, autorégulé, composé d’éléments physiques, chimiques, biologiques et humains. Les interactions et rétroactions entre ces parties constitutives sont complexes et témoignent d’une variabilité temporelle et spatiale à échelles multiples.”
« Voilà exactement ce que nous dit Plotin : toute chose se réjouit, toute chose se réjouit d'elle-même, et elle se réjouit d'elle-même parce qu'elle contemple l'autre. Vous voyez, non pas parce qu'elle se réjouit d'elle-même. Toute chose se réjouit parce qu'elle contemple l'autre. Toute chose est une contemplation, et c'est ça qui fait sa joie. C'est à dire que la joie c'est la contemplation remplie. Elle se réjouit d'elle-même à mesure que sa contemplation se remplit. Et bien entendu ce n'est pas elle qu'elle contemple. En contemplant l'autre chose, elle se remplit d'elle-même. La chose se remplit d'elle-même en contemplant l'autre chose. Et il dit : et non seulement les animaux, non seulement les âmes, vous et moi, nous sommes des contemplations remplies d'elles-mêmes. Nous sommes des petites joies. »
(Gilles Deleuze, extrait du cours du 17 mars 1987 à l'université de Vincennes)